l'escapade de la petite tribu

Ouf! Notre marathon à travers le Rajasthan est enfin terminé. Nous avons passé la journée à l’hôtel, après nous être levé à 10h25, nous n’avons rien fait d’autre que lire, manger dans le restaurant très agréable (délicieux et pas très cher) de l’hôtel et… relaxer! Enfin!!!

Nous avons vu maints monuments splendides durant ces 14 jours (comme celui-ci) et vécu des activités très enrichissantes telle que notre nuit dans le désert, mais il faut bien l’avouer, le rythme effréné dans lequel nous avons été plongés ne nous convenait pas du tout. Nous aurions facilement pu prendre au moins trois journées de repos supplémentaires parsemées ici et là dans les villes que nous avons visitées, mais comme nous avions un chauffeur et un itinéraire prévu d’avance, la flexibilité n’était pas en option!

Toujours est-il que dans ce périple, nous avons été en contact avec une civilisation ancienne (qui date de l’époque médiévale et même avant) et tellement riche. Le plus étonnant, c’est que certains aspects de cette civilisation ne sont pas des vestiges et perdurent encore aujourd’hui tout en côtoyant la société occidentale actuelle. Les Maharadjas et les Maharanies par exemple (rois et reines des villes et des régions) existent bel et bien encore et continuent de perpétuer leur influence sur les gens du peuple. Holà! Vous entends-je dire, l’Inde est une république libre et démocratique, c’est vrai bien sûr et les Maharadjas ne gouvernent plus. Mais plus on en apprend sur ce pays et plus on découvre sa multiplicité... et ces monarques ont encore une influence certaine et une richesse colossale. Les gens du peuple ont pour eux un immense respect, presque de la vénération. Il faut dire que certaines dynasties ont une longévité à faire pâlir les familles royales européennes! Celle d’Udaipur par exemple, règne sans interruption sur la ville depuis le 13e siècle, ils n’ont jamais connu la défaite; ça force le respect il va sans dire!

Contrairement aux trois autres pays que nous avons précédemment visités et qui faisaient preuve d’une assez grande homogénéité quant à leur confession spirituelle (principalement le bouddhisme), ici plusieurs grandes religions se côtoient, s'entrecroisent quelques fois et surtout se manifestent de façon très visible, partout, tout le temps. L’hindouisme est omniprésent, mais l’islamisme et le jaïnisme occupent de grandes places aussi, ainsi que les chrétiens et d’autres religions plus associées à des régions spécifiques comme les Sikhs par exemple.

Mais par-dessus tout, c’est la place prépondérante qu’occupe la spiritualité qui frappe avant tout! Impossible de trouver un touk-touk, une voiture ou un camion qui ne soit muni d’une image de Ganesh, d’une statuettes ou de pompons religieux (remarquez que de la façon dont ils conduisent, je les comprends d’en appeler aux dieux pour avoir une chance de s’en sortir vivants!). Les divinités sont partout, sur les murs des maisons, dans les halls d’entrée, dans les échoppes sur les bords de la rue, dans la multitude de temples aussi bien entendu.

Mais elles se manifestent aussi de façons les plus inattendues. J’en prends pour témoin ce mausolée dans lequel est exposé une moto (oui, oui, vous avez bien lu, une moto!) et sur laquelle des centaines de pèlerins viennent se recueillir tous les jours! La moto aurait parcouru toute seule et à trois reprises en trois nuits consécutives le chemin entre la fourrière et l’endroit où son propriétaire s’était tué au volant de celle-ci à quelques kilomètres de là. Et ce, malgré que les policiers aient pris soin de munir la moto d’une solide chaîne et d’un cadenas la troisième nuit. Au matin de ce troisième voyage mystérieux, les autorités ne comprenant pas comment cela était possible sinon en y voyant une intervention divine ont décidé de laisser la moto là pour reposer en paix près de l’endroit où son conducteur était mort.

Mais je dois parler maintenant de plus beau, du plus fin, du lieu de prière possédant la plus grande magnificence qu’il m’ait été donné de voir au cours de ma vie. Et dire que nous n’étions même pas sûr de vouloir s’y arrêter tellement nous étions saturés de ces visites de monuments. Nous aurions manqué la beauté et la grandeur… Il s’agit d’un temple Jaïn,Ranakpur. Les Jaïns sont des adeptes de la non-violence et du respect de la vie, vous avez déjà entendu parler d’eux, ils ne mangent pas de viande ni de certains légumes parce que ceux-ci tuent certaines sortes d’insectes. Ce sont eux aussi qui portent une pièce de tissu devant leur bouche pour ne pas avaler d’insectes par inadvertance et qui balaient le sol devant leurs pieds pour ne pas en écraser. Pour eux, toutes les formes de vie sont importantes et la non-violence est le concept le plus important pour eux. Le janïsme est antérieur à l’hindouisme et serait parmi les plus anciennes religions à être apparue sur terre on parle ici de plus de 3000 ans avant Jésus-Christ. Les Jaïns ne vénèrent pas de Dieux bien qu’ils croient en leur existence, mais ils ont 24 prophètes qui les guident vers la délivrance du karma.

Pour un occidental comme moi il est plutôt difficile de s’y retrouver dans les méandres de toutes ces religions qui se croisent et s’influencent mutuellement mais par contre, impossible de ne pas apprécier la beauté et surtout la grandeur d’un lieu comme Ranakpur.

Ce temple a été construit par un ministre des finances en 1440 après J.-C. Il est constitué de 24 coupoles de hauteur et grandeur différentes, une pour chacune des prophètes et surtout de plus de mille colonnes richement sculptées dans le marbre blanc. Aucune n’est identique.

L’architecture ouverte et aérienne que donnent ces colonnes baignent le temple dans une lumière incomparable à quoi que ce soit. Certaine de ces coupoles ont des ornementations finement ciselées dans un seul immense bloc de marbre alors que d’autres sont constituées de plusieurs morceaux habilement emboîtés de manière à sembler d’un seul. ( Cette ornementation représentant un prophète entouré de dizaines de serpents est taillée dans un seul bloc de marbre! )

Les épithètes me manquent pour parler des merveilles de ce temple alors laissons s’exprimer les images.